Digitalisation d'une vieille gloire Jouef :
la BB 13001
J'ai un jour récupéré une BB 13001 Jouef de la grande époque, référence 842, dont malheureusement le moteur était grillé (comment est-ce possible ? Je soupçonne qu'il a été posé tel quel pendant "un certain temps" sur un réseau alimenté en digital...). Elle gisait donc dans mon "cimetière", promise un jour au dépeçage ou pire la poubelle.
Heureusement, les copains du club m'ont montré la bonne voie avec leurs travaux de réhabilitation et digitalisation de vieux matériels Fleischmann ou Trix (voir notre site et d'autres fils de ce forum) et je me suis dit: "et si j'essayais aussi ?".
De prime abord, je suis très réticent pour digitaliser du vieux Jouef car la prise de courant dans la voie ne repose généralement que sur deux essieux. Or une bonne captation est essentielle au bon fonctionnement d'un engin en digital; on peut toutefois traiter ce problème en installant un powerpack, comme cela est décrit par ailleurs sur notre site (et ça marche très bien). Encore faut-il avoir la place d'en installer un Et ce n'est pas le cas pour la BB 13001 Jouef.
Un examen attentif de ma BB 13001 a montré que, contrairement à une autre épave de 13001 conservée au club, la mienne avait toutes ses roues motrices et non bandagées (mais avec un seul bogie captant le courant), alors que l'épave avait un bogie moteur aux roues bandagées et un bogie porteur avec prises de courant. Il était donc possible d'optimiser la prise de courant de ma BB en installant la prise de courant sur toutes les roues.
Problème suivant à résoudre: le moteur. Avec quoi remplacer le petit trois pôles grillé La chance et le hasard m'ont aidé. J'ai récupéré dans mon brol un moteur AD10 d'un kit de 230 B DJH pour lequel j'avais monté un moteur RSF+réducteur RY75. J'y ai aussi trouvé un engrenage en plastique au même module que les engrenages Jouef et dont le trou était au bon diamètre (ou presque) pour s'emmancher à force sur l'axe de l'AD10. J'ai rapidement constaté que cet ensemble pouvait facilement s'installer à l'emplacement du moteur Jouef d'origine (sous la cabine de conduite) à condition de confectionner quelques cales en plastique et de tronçonner à la Dremel l'axe du moteur (bien trop long) à la bonne longueur.
Lubie supplémentaire chez moi: je fais tout mon possible, lorsque je digitalise un modèle, pour le doter d'une prise NEM 8 broches. Dans le cas présent, pas facile car la place dans la machine est vraiment comptée si on veut conserver le lest d'origine. Après réflexion et tâtonnements, j'ai fini par trouver un emplacement le long de l'arbre de transmission. Mais c'est vraiment juste et ça oblige à un exercice de câblage délicat.
Bien entendu, je voulais doter la machine d'un éclairage avec feux rouges et blancs. J'ai renoncé à éclairer la cabine, vu que c'est le seul endroit où installer le décodeur, un Zimo MX600.
Après toutes cette réflexion, je me suis mis au boulot...
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Tout d'abord, poser des prises de courant sur le bogie qui n'en a pas et souder des fils (au lieu des contacts par frotteur) sur le bogie capteur existant. Cette opération ne présente pas de difficulté particulière.
Sur cette image, on voit bien l'arbre de transmission qui entraîne les deux bogies. Le moteur Jouef d'origine était placé sous le trou rectangulaire du châssis.
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Ensuite, on fait des essais avec le moteur récupéré, pour voir comment l'installer.
Sur cette image, le moteur a encore son arbre d'origine qu'il va falloir tronçonner. Les bogies équipés de leurs prises de courant sont remontés. Le lest est en place mais il sera bien sûr retiré pour permettre le câblage.
Comme on peut le voir, le moteur semble conçu pour juste se placer dans la soute de la BB 13000, installé sur les cales d'origine. Il faudra quand même un peu d'ajustement.
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L'arbre du moteur a été tronçonné. Les essais d'installation se poursuivent et sont encourageants.
Ici, le moteur s'insère entre des deux supports des vis de fixation de la soute moyennant un très léger rabotage (au cutter) de l'intérieur de ces derniers pour aplanir la zone en contact avec les flancs du moteur.
On voit aussi comment se place l'engrenage installé sur le moteur: il est bien en face de l'engrenage primaire de l’arbre de transmission.
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On confectionne ensuite des cales en plasticarte pour que le moteur soit bien maintenu et que les engrenages ne forcent pas. Plusieurs essais d'ajustement m'ont été nécessaires mais ça se fait.
Une fois le moteur en place, on peut s'attaquer au câblage.
Sur cette image, la prise NEM 8 broches a été confectionnée avec deux rangées de 4 prises tulipe soudées sur une plaquette de circuit imprimé à bandes taillée aux bonnes dimensions pour s'insérer dans l'espace sous l'axe de transmission et y être calée.
Sur cette image, on peut voir une erreur de câblage que je vous laisse deviner.
Les différents fils nécessaires au fonctionnement DCC sont raccordés sur la plaquette: rouge et noir de prise de courant, orange et gris vers le moteur, plus les fils pour les éclairages avant et arrière blanc et rouge.
Pour la commodité du montage (!), j'ai été obligé de confectionner une mini-plaquette relais pour les fils rouge et noir. Ce qu'on ne voit pas, c'est qu'on est obligé de souder les fils les uns après les autres dans un certain ordre si on veut que la plaquette puisse être mise en place et sans faire fondre le châssis de la loco.
Le décodeur a été branché. On verra par la suite comment on le place.
Dans toutes ces explications, je m'aperçois que je n'ai pas parlé du raccordement du moteur à la plaquette avec les fils orange et gris. J'ai exclu de souder ces fils sur les porte-balais du moteur. J'ai confectionné deux "ressorts" en feuille de chrysocale, sur lesquels j'ai soudé ces fils, que j'ai coincés contre les porte-balais du moteur une fois celui-ci installé dans la soute.
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Enfin, il faut confectionner les éclairages d'extrémité.
J'ai utilisé des LEDs bicolores à anode commune.
Les feux blancs sont activés par la fonction F0 et s'inversent suivant le sens de marche. les feux rouges AV sont activés par F1 (fil vert du décodeur via la prise NEM), les feux rouges AR par F2 (fil marron du décodeur, raccordé directement sur la patte adhoc de la LED avec une prise tulipe).
La LED, munie de ses résistances, est inséré dans un support en carte plastique percé au bon diamètre et taillé sur mesure pour bien s'insérer sous le capot de la BB. Rien n'est collé (mais on pourrait). Pour améliorer la tenue, la patte centrale de la LED (l'anode) est soudée à chaud sur un rond de plastique de 1,6 mm de diamètre, coupé à la bonne longueur et rentré en force (doucement!) dans le trou de rivet du support métallique de l'axe de transmission.
Et voilà. Le lest a été remis en place; il a fallu cen couper un tout petit morceau au-dessus de la mini-plaquette de raccordement des fils rouge et noir, car le court-circuit menaçait; la perte de poids du lest est insignifiante. Le décodeur est fixé sur ce dernier avec du double-face. Il ne reste plus qu'à remettre la caisse en place sur le châssis.
Aux essais, cette machine montre un excellent fonctionnement très doux et tracte de manière tout à fait honorable. Elle reste malgré tout assez bruyante.
On pourrait bien sûr essayer d'améliorer la décoration et le détaillage de l'engin. Pour ma part, je préfère toutefois le garder "dans son jus", tout en ayant modernisé son fonctionnement aux standards actuels pour pouvoir l'exploiter en DCC.
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Petite vidéo du résultat :
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Denis L.